L’évaluation du contrat de ville de Saumur Val de Loire : entre bilan et perspectives
Espacité achève l’évaluation finale du contrat de ville du quartier Chemin Vert – Hauts Quartiers de Saumur Val de Loire
Publié le 16 décembre 2022Un exercice mené dans le cadre national de l’évaluation de la politique de la ville
Entre juin et décembre 2022, Espacité a accompagné la Communauté d’Agglomération de Saumur Val de Loire dans sa démarche d’évaluation du contrat de ville déployé depuis 2014 sur le quartier Chemin Vert – Hauts Quartiers. Unique quartier prioritaire de la politique de la ville de l’agglomération, celui-ci est situé à Saumur et regroupe près de 3600 habitants. Il s’agit donc d’un périmètre réduit au sein de l’agglomération mais qui concentre (a minima en début de contrat de ville) des situations de forte fragilité socio-économique. Lancée dans le cadre de l’évaluation nationale de la politique de la ville, la démarche portée par Saumur Val de Loire a poursuivi un double objectif de bilan et mesure des effets et des impacts du contrat de ville d’une part, de capitalisation en vue d’une éventuelle future contractualisation d’autre part.
L’agglomération, compétente en matière de politique de la ville et porteuse du contrat de ville, a fait le choix de cibler l’évaluation sur deux thématiques uniquement :
- La gouvernance et le pilotage du contrat de ville, sujet investigué par Espacité mi 2022 sur la base notamment d’un travail d’entretiens auprès des différentes parties prenantes ;
- La jeunesse, la famille et la parentalité, principalement au 3ème trimestre 2022, en s’appuyant notamment sur un atelier partenarial dédié.
En matière de gouvernance, un bilan dans l’ensemble positif grâce à un fort portage politique et opérationnel et malgré des difficultés conjoncturelles et structurelles
Du point de vue de la gouvernance, le contrat de ville – et le quartier et ses habitants – a pu bénéficier d’un portage important tant au niveau politique qu’au niveau technique ; avec qui plus est un partenariat actif des institutionnels comme des porteurs de projet. A noter sur ce dernier point que la taille réduite du territoire et du quartier concerné facilite l’interconnaissance des acteurs et leur mobilisation.
Pour faciliter la bonne réponse aux besoins identifiés et encourager l’innovation, Saumur Val de Loire s’appuie sur une double programmation annuelle, menée dans le cadre du traditionnel appel à projets de la politique de la ville.
Cependant, malgré un partenariat actif, la gouvernance du contrat de ville de Saumur Val de Loire a subi des difficultés, liées à la crise sanitaire d’une part ; laquelle s’est de fait traduite par une raréfaction des interactions partenariales, des instances de pilotage et des actions d’animation et développement social dans les quartiers. La perte de dynamique du conseil citoyen, aujourd’hui renouvelé, en est une autre illustration.
Le pilotage du contrat de ville a également dû faire face, à l’image de l’ensemble des démarches nationales, à une certaine lourdeur du cadre administratif actuel de la politique de la ville avec des systèmes d’appels à projet jugés encore trop rigides et pas toujours adaptés à des besoins impérieux de réactivité face à des populations et des territoires en proie à de grandes fragilités.
Malgré une bonne intégration du quartier dans son territoire et les différentes politiques publiques, un enjeu de transversalité accrue de la politique de la ville
La taille réduite du quartier et son implantation dans la ville centre facilite son appréhension dans sa globalité et la bonne articulation des politiques spécifiques qui y sont déployées avec les politiques de droit commun. Le rayonnement des actions permet en outre de toucher un maximum d’habitants. La double analyse d’Espacité, sur le pilotage et la gouvernance du contrat mais aussi sur un de ces axes relevant du pilier « politiques sociales » a toutefois mis en évidence un relatif manque de transversalité entre les différents volets de la politique de la ville. Sur le territoire saumurois, le décloisonnement thématique reste ainsi à inventer, ou a minima à déployer.
L’évaluation de l’axe « jeunesse, famille et parentalité » confirme les jugements posés sur le volet « gouvernance » : les effets sont a priori positifs, notamment du fait d’une forte mobilisation politique et partenariale, mais aussi d’outils et dispositifs efficaces. Il subsiste toutefois des enjeux de transversalité, thématiques et interacteurs, afin de démultiplier les effets et les impacts des politiques menées. A l’image de nombreux contrats de ville, la prise en compte de la parole des habitants, notamment les plus « invisibles », via des démarches plus ascendantes et la remobilisation effective des conseils citoyens, reste un enjeu prégnant.
Emilie Belval-Lavillonnière
Directrice Générale Déléguée