Concilier qualité de l’habitat, défi climatique et enjeux sociaux – Une nécessité d’innover, de partager et de faire ensemble
Publié le 25 janvier 2023
Après plusieurs confinements, les ménages ont exprimé leurs souhaits de penser leur habitat autrement. Si les attentes différent selon les situations, elles convergent sur une attention plus forte portée à la qualité. L’aménagement de l’espace intérieur, les extérieurs du logement et l’accès aux espaces verts et aux services sont devenus des enjeux plus forts. L’attrait pour des formes collectives d’habitat favorisant le lien social, comme la colocation ou l’habitat participatif, a pu être renforcé – sans qu’il soit évident à ce stade de discerner ce qui relève des aspirations ou de la gestion des contraintes (besoin de souplesse, prix, services, etc…). Le télétravail s’est fortement accru sur certains métiers, plutôt pour les cadres. Les fonctions du logement s’hybrident et les frontières sont plus poreuses entre lieu de travail, lieu de sociabilité, lieu de vie.
Ces aspirations ont été entendues par les pouvoirs publics, qui ont fait de la qualité un sujet de priorité dans les discours et les politiques portées : différents rapports ont été commandés et publiés, une démarche « Engagés pour la qualité du logement de demain » a été lancée, pilotée par l’EPAU, sous l’égide à la fois du Ministère en charge du logement et de celui en charge de la Culture. Les chartes visant à renforcer la qualité des projets se développent à l’échelle locale.
Dans le même temps, le défi climatique impose de porter une attention forte aux impacts environnementaux de la production de logement : amélioration versus démolition/reconstruction, choix des matériaux, circuits courts, performance énergétique des bâtiments produits, etc.
En parallèle, les coûts de construction augmentent (+8.2% sur un an selon les dernières données de l’INSEE disponibles), alors que le pouvoir d’achat des ménages diminue (inflation, durcissement des conditions d’accès au crédit).
La production de logements répondant aux attentes et aux besoins devient donc une équation particulièrement complexe, comme le soulignent l’ensemble des acteurs de la filière, aussi bien les bailleurs sociaux que les promoteurs. Comment concilier ces différentes nécessités : produire d’une manière respectueuse de l’environnement et proposer à chacun des logements de qualité et abordables.
Face aux difficultés économiques et à l’urgence des besoins, notamment en logement abordable, il pourrait être tentant de s’orienter vers des solutions court-termistes, faisant fi de la qualité des logements et de la qualité urbaine : les projecteurs mis sur la qualité de l’habitat, comme le renforcement de l’association des habitants aux projets d’aménagement constituent des gardes fous pour inscrire les logements produits dans le temps long, même si cela renforce les contraintes.
Dans ce contexte, l’expérimentation de nouvelles solutions et les mécanismes favorisant l’innovation apparaissent plus que jamais nécessaires. Pour ce faire, des partenariats mais aussi la mise en place de nouveaux modes de faire peuvent permettre d’avancer, en favorisant les croisements de compétences, d’idées, de cultures.
Le Bail réel solidaire, sur lequel nous sommes engagés de longue date, s’il ne peut pas à lui seul résoudre toutes les difficultés, apporte des marges de manœuvre supplémentaires pour produire du logement accessible, dans la durée. Son effet levier est d’autant plus important qu’il s’inscrit dans une action territoriale partenariale. D’autres expérimentations, que ce soit sur les montages économiques ou sur les modes de production, émergent et peuvent venir alimenter les politiques locales de l’habitat.
Notre engagement en tant qu’agence est bien de contribuer à défricher, innover, participer au développement des réseaux d’acteurs, pour que se développent de nouvelles solutions permettant de produire du logement abordable et de qualité.