Engager les habitants dans une nouvelle approche du logement qui participe à la transition durable des territoires
Publié le 26 janvier 2023
Défini en 2021 dans la loi climat et résilience, l’objectif de zéro artificialisation nette (ZAN) à horizon 2050 pose un défi majeur pour l’élaboration et la mise en œuvre des politiques locales de l’habitat. Le souci de préserver les espaces naturels, agricoles et forestiers n’est pas récent et de nombreux territoires avaient déjà intégré cette contrainte dans leurs stratégies d’aménagement. Mais la zéro artificialisation nette qui devra progressivement être atteinte fixe une ambition et une contrainte bien plus fortes. Son appropriation et sa déclinaison à court et moyen termes dans les stratégies de planification de l’habitat demandent une inflexion majeure des politiques locales.
Planifier l’habitat, c’est établir une stratégie et prévoir des actions qui permettent de mieux répondre aux besoins des habitants du territoire mais aussi se donner les moyens de satisfaire les aspirations des ménages présents et futurs. Pour les élus, rendre un territoire attractif passe par de très nombreuses dimensions, que ce soit l’emploi, les infrastructures de transports, les services et commerces ou encore la tranquillité publique. De son côté, la planification de l’habitat doit trouver son articulation avec chacune de ces dimensions et, depuis des décennies, la recherche d’attractivité territoriale s’est grandement appuyée sur une aspiration majoritaire des ménages en France : le souhait d’habiter une maison individuelle avec jardin (1). Pour les années à venir, les collectivités et les acteurs du logement peuvent se donner plusieurs moyens afin de mieux répondre à cette aspiration, en premier lieu en améliorant et en adaptant l’offre existante de logements individuels. Mais face aux besoins conséquents de production de logements en France, ne serait-ce qu’en lien avec la diminution de la taille moyenne des ménages, la construction neuve reste un levier essentiel. Elle entre cependant en opposition avec l’objectif ZAN dès lors qu’elle s’appuie sur l’aménagement de lotissements de pavillons, fortement consommateurs de fonciers.
La densification des territoires – par l’habitat collectif, la division de parcelles, le réinvestissement de dents creuses, etc. – est une issue incontournable pour continuer de répondre au défi de loger les ménages de tous revenus et de toute situation familiale. Mais comment rendre cette densification acceptable pour les ménages quand l’influence du modèle du pavillon non mitoyen avec jardin est si prégnante dans les choix résidentiels ?
Nos diverses expériences d’accompagnement de territoires dans l’élaboration de leurs politiques locales de l’habitat, et plus particulièrement de l’exercice de planification, nous conduisent à penser que cette question nécessite l’adoption d’une nouvelle approche. Une approche qui engage bien davantage le dialogue avec les habitants sur ce qui fait de la maison individuelle avec jardin un modèle érigé en idéal, pour le décrypter et le déconstruire. Une approche qui s’appuie également sur le vécu, les besoins et les souhaits des habitants pour démontrer qu’une forme urbaine plus frugale peut constituer une alternative pleine d’atouts, pour mettre en œuvre de nouveaux récits sur ce qui fait la qualité d’un logement.
Cette perspective nécessite l’organisation de temps d’échanges entre l’ensemble des parties prenantes de la politique locale de l’habitat, auxquels nous sommes depuis toujours très attachés au sein d’Espacité. Elle nécessite également d’assumer de renforcer l’importance politique de l’exercice de planification, qui ne peut pas se résumer à des analyses techniques et chiffrées, mais doit pouvoir soutenir la transition durable de nos sociétés en réinterrogeant la manière et les moyens de garantir à chacun un logement digne et confortable.
(1) Plus de 8 ménages sur 10 préfèrent vivre en maison individuelle qu’en appartement d’après un sondage réalisé en janvier 2022 par l’IFOP pour la Fédération Française des Constructeurs de maisons individuelles (FFC), un sondage qui confirme les résultats de ceux menés par divers commanditaires depuis le début des années 2000.